Russie jeudi 02 octobre 2014

«Nos collègues suisses ont été contraints à cette décision»

Sergueï Narychkine pense quela Russie joue le même rôle d’intermédiaire que la Suisse en Ukraine. (Sergey Kozmin)

Sergueï Narychkine pense quela Russie joue le même rôle d’intermédiaire que la Suisse en Ukraine. (Sergey  Kozmin)

Dans une interview exclusive, le président de la Douma, la Chambre basse du parlement russe, Sergueï Narychkine explique comment son homologue suisse, Ruedi Lustenberger, aurait cédé à des «pressions étrangères» pour annuler sa visite prévue en septembre dernier à Berne. Ce proche de Poutine défend par ailleurs l’idée que la Russie joue le même rôle que celui de la Suisse en Ukraine, à savoir celui d’intermédiaire.

 
 

Placé sur la liste des personnes visées par les sanctions européennes et américaines à cause de son rôle supposé dans la crise ukrainienne, Sergueï Narychkine, 59 ans, préside la Douma d’Etat, Chambre basse du parlement russe. Il sera à Genève le 3 octobre pour participer à une assemblée plénière de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) consacrée à l’Ukraine.

Le Temps: Quel est le but de votre visite à Genève?

Sergueï Na rychkine: L’objectif principal de cette visite est la participation à la session interparlementaire de l’OSCE sur la situation en Ukraine. Elle est de mon initiative, j’en ai fait la proposition durant la session de l’OSCE à Bakou, et elle a été soutenue par mes collègues.

– Avez-vous l’intention de rencontrer Ruedi Lustenberger, le président du Conseil national?

– Je n’ai pas prévu spécialement cette rencontre, mais si elle a lieu, tant mieux.

– Prévoyez-vous de rencontrer des dirigeants politiques suisses ou de participer à la commémoration des 200 ans des relations diplomatiques russo-suisses?

– Il est possible que nous rencontrions des parlementaires suisses. Je ne pense pas qu’il soit souhaitable que notre délégation, formée pour l’assemblée parlementaire de l’OSCE, participe à des commémorations, à des festivités ou à des négociations d’affaires autour des 200 ans de l’établissement de relations diplomatiques entre nos deux pays, relations qui sont pour nous très importantes. Cela dit, nous portons une très grande attention à la signification de cet événement. Comme vous le savez, j’avais prévu de participer aux commémorations du 23 au 25 septembre. Cette visite était programmée et approuvée du côté suisse. Elle a été annulée et ce n’est pas de mon fait.

– Estimez-vous toujours que c’est dû à des pressions externes à la Suisse?

– Oui. Nos collègues suisses ont été contraints à cette décision. Il n’y a aucun doute sur le fait qu’il y a eu des pressions étrangères, venant principalement de Washington. Je répète que j’en suis désolé car cela va à l’encontre des principes démocratiques et des normes interparlementaires et de coopération.