Le procureur spécial Clint Williamson, nommé par Bruxelles afin de poursuivre et d'étayer l'enquête de Dick Marty sur le trafic d'organes au Kosovo présentée au Conseil de l'Europe en 2010, a rendu ses conclusions le 29 juillet 2014.

"Les anciens chefs de l'UÇK, aujourd'hui à la tête du Kosovo, se sont bel et bien rendus coupables de crimes contre l'humanité". Sans les nommer, le diplomate américain désigne Hashim Thaçi, le chef de l'UÇK, et son actuel rival Ramush Haradinaj, connu pour avoir été relaxé par le TPI de La Haye pour… disparition de témoins!

Au-delà de la réalité cauchemardesque du trafic d'organes, cette enquête fondée sur 800 morts et disparitions décrit le nettoyage ethnique particulièrement féroce dont ont été victimes les minorités serbe et rom du Kosovo depuis l'occupation de celui-ci par l'OTAN en 1999.

Le témoignage de Dick Marty, sans qui rien n'aurait été dévoilé, est particulièrement poignant par sa densité et sa franchise. Il faut le réécouter plusieurs fois pour se rendre compte de l'énormité des crimes et des complicités qu'il dénonce.

En tout premier lieu, nous dit-il, il y a longtemps que les faits sont connus. "Si la communauté internationale avait voulu tout de suite trouver la vérité, elle aurait pu le faire" voici dix ans! Ensuite, si la conférence de presse du procureur Williamson a été agendée en plein milieu de l'été, observe Alain Franco, c'est que ses implications diplomatiques sont énormes pour le monde occidental. Intimidation d'enquêteurs, disparition de témoins, escamotage de preuves, appui diplomatique, militaire, médiatique accordé à des criminels sanguinaires… Le Kosovogate égale et dépasse déjà toutes les sales besognes des Etats-Unis en Amérique centrale.

La ministre et le criminel contre l'humanité comme larrons en foire.

Se souvient-on du premier gouverneur occidental du Kosovo, M. Kouchner, ricanant lorsqu'un journaliste l'interroge sur le trafic d'organes et lui jetant d'aller se faire soigner?

Kouchner ricanant. https://imgflip.com/gif/aqgq7

Se souvient-on de la ferveur avec laquelle Mme Calmy-Rey, alors ministre des Affaires étrangères de la Suisse — pays neutre — avait milité pour une reconnaissance hâtive du Kosovo, qui "n'était même pas un Etat" selon Marty?

Micheline Calmy-Rey est aujourd'hui retirée des affaires. Elle enseigne la gouvernance à l'Université de Genève. Il est certain que ses étudiants, en découvrant le rapport Williamson et les accusations qu'il véhicule, auront des questions pressantes à lui poser.

Et pas seulement ses étudiants…

Source: "Forum" du 29 juillet 2014 sur RSR 1