![Cantique suisse](http://note.io/1zvnzSc)
Un hymne national, à mes yeux, c’est comme ma maison natale

![Maison natale à Sirmium](http://note.io/1nIEDQM)

ou mon cabriolet Saab 900.

![Saab 900 cabrio](http://note.io/1nIFvVE)

Plus c’est vieux, délabré et absurde, plus cela m’est cher. Je ne parle pas de l’hymne suisse en particulier, mais de tous. Leurs airs sont à la musique ce que l’art pompier est à la peinture, leurs textes brillent par leur impudeur mirlitonesque, et il ne peut en être autrement. Ne sont-ils pas conçus pour plaire à tout le monde ? Seul l’hymne est-allemand, le magnifique « Auferstanden aus Ruinen », de Johannes Bechler et Hanns Eisler, fait exception à cette loi de la médiocrité. Il est l’œuvre d’un musicien de génie, il m’émeut aux larmes et aurait presque justifié le maintien de la RDA. Cela dit, d’avoir le plus bel hymne au monde n’a pas empêché cet État d’être inepte et totalitaire.
Changer les hymnes, c’est comme changer les noms des rues : les édiles veulent se faire mousser, alors que les simples citoyens se soucient seulement de ne pas devoir réimprimer leurs cartes de visite tous les trois ans. En ces matières, seule la patine du temps finit par faire oublier les fautes de goût. Le désamour qui frappe le Cantique suisse n’est pas la cause du déclin du sentiment national, mais son symptôme. Continuons donc à aimer éperdument cette Suisse bénigne qui nous énerve, à chanter « Sur nos monts » et à vivre rue des Tanneurs, même si le dernier de ces braves artisans est mort depuis un siècle.

> Réponse à Christine Salvadé, relayée dans le *Matin Dimanche* du 27 juillet 2014.

### NB. Je débats sur la question le 31 juillet à 8h15 sur RSR1.

PS. Je ne peux pas résister: