Je suis retourné ce jour à la basilique de St-Maurice d’Agaune pour les obsèques du chanoine Claude Martin.

Le père Martin fut le recteur du collège de St-Maurice pendant vingt-cinq ans. Il était férocement juste, parfois brutal, toujours intelligent, toujours équitable. Il m’a protégé contre moi-même.

Je me suis rendu à ses obsèques parce qu’il fut l’un des très rares hommes, dans ma vie, que j’aie respectés et qui m’aient éduqué.

L’abbaye avait fait les choses comme il faut, comme eût chanté Brassens. De magnifiques chants latins, des quantités d’encens pour une fois généreuses et cette lenteur qui seule garantit la solennité. Les obsèques catholiques sont à deux vitesses, selon que vous êtes simple péquin ou moine. Mieux vaut être moine, si l’on ne veut pas être expédié avec force effusions déplacées et chansons de Johnny.

Après sa retraite du poste de recteur, Claude Martin s’occupa de la librairie. Il l’a laissée, selon un professeur, dans un ordre de pharmacie.

Il fut un personnage d’une qualité rare. Il a rassemblé autour de son cercueil trois générations au moins: d’élèves, de moines, de professeurs. Ma société d’étudiants, l’Agaunia, avait dépêché son drapeau. Ses trois représentants, dont une fille, étaient raides dans leurs tuniques cramoisies à brandebourgs, raides, hiératiques et beaux. Je le leur ai dit.

Ce 31 du mois d’août, à Saint-Maurice, le temps nous a fait la grâce de s’arrêter. Et même de reculer un peu.