Lettre à une bibliothécaire


C’est étrange à confesser, mais c’est parti d’un jeu de mots: on m’avait dit «téléphonie mobile» et j’ai vu un téléphone immobile. Un de ces vieux postes en bakélite comme les nouvelles générations ne les connaissent plus. Et il s’est aussitôt mis à sonner, pour rien, dans les couloirs sonores d’un manoir désert, au cœur de la campagne française. Pourquoi sonnait-il ainsi, régulièrement, depuis des années? A qui s’adressait-il, avec quel message?

Cette mise en scène initiale s’est croisée avec ma hantise ancienne de la destruction nucléaire. Le sujet n’est plus d’actualité comme il le fut durant la guerre froide, pourtant l’humanité est plus volatile, plus instable, plus irresponsable que jamais — or les armes demeurent, opérationnelles, dans leurs silos... Puissions-nous ne jamais voir l’éclat surnaturel de leur «rayon bleu»…

Le résultat? Un récit frôlant le roman d’espionnage, habité par les ombres de quelques personnalités d’exception que j’ai eu la chance de connaître, où la trame du thriller sert de véhicule à des interrogations morales et métaphysiques. Hommage inconscient, me suis-je avisé ensuite, à l’un des plus grands auteurs de notre temps, John Le Carré.